« Le temps est le prince des critiques. Seules les choses vraies pour moi demeurent. »
François Reichenbach filme Dunoyer de Segonzac à 85 ans, captant avec finesse ses gestes et ses réflexions. Dès les premières images, on découvre l'artiste au volant d'une voiture repeinte en orange vif, à sa demande, afin qu'on le remarque dans le brouillard. S'il roule lentement, c'est pour être attentif aux paysages qu'il contemple, soucieux de ne pas rater ce que la nature lui offre.
Construit en chapitres – "Paul Poiret", "Tout est dans le chapeau", "La boxe", "Vollard" – le film déroule les souvenirs de cet illustre peintre et graveur qui a exposé dans les plus grandes galeries. Il évoque ses rencontres marquantes : l'élégance visionnaire de Paul Poiret, l'humanité rayonnante d'Isadora Duncan, le don de Colette à communiquer avec les animaux, l'aura de Derain. Il se remémore Léautaud, Picasso, dont il imite l'accent avec malice, évoque son admiration pour Signac, Braque et Vollard.
Sa vie, riche de relations et d'échanges, n'empêche pas une solitude assumée : il peut s'isoler des mois entiers, heureux d'être en communion avec la nature qu'il peint, à l'écoute des variations de lumière et des saisons. Il aime l'hiver et le printemps, fuit les "grosses verdures de l'été". Reichenbach ponctue son film des œuvres du peintre, témoins de sa sensibilité. "Proust sur son lit de mort avait un profil douloureux et aigu" nous confie le peintre.
Dunoyer de Segonzac
- Réalisation : François Reichenbach
- Présentateur : François Reichenbach, Edmonde Charles Roux
- Participant : Dunoyer de Segonzac
- Image : Christian Odasso, Paul Bourron, Bernard Thery, Théo Robichet
- Production déléguée : France Opéra Films (FILOP), Films du Prisme (FILPR), Office national de radiodiffusion télévision française (ORTF)
- Statut du matériel : numérisé
- Genre : Documentaire
- Durée : 36 minutes
- Date de première diffusion : 1969