« ...Les psychiatres assurent que les manifestations provoquées par les "Rock and rollers" célèbres sont sans danger. Au contraire le vacarme collectif défoule la jeunesse qui cherche à s'affirmer et l'empêche de se livrer à des activités plus violentes 
- A vous de juger. »

François Reichenbach capture l'explosion du rock au Palais des Sports en 1961, lors d'un des premiers grands concerts en France. Le film s'ouvre sur des cris scandés par une foule en délire, avant même que les images n'apparaissent. Puis surgissent les visages, celui de Johnny Hallyday en couverture d'un magazine, ceux de jeunes aux regards tendus, filmés devant le palais des Sports dans l'attente que les portes s'ouvrent. Reichenbach excelle à capter les gestes, les expressions, l'électricité des corps.

Dès les premières notes, la salle s'enflamme. Hurlements, applaudissements, déchainement : la jeunesse exulte. L'énergie est brute, physique, brûlante. Les Chaussettes Noires sont sur scène, Eddy Mitchell se déhanche en chantant. Dans la foule compacte, l'hystérie monte. Une jeune femme se blesse, les gendarmes tentent de contenir la déferlante. Mais le rock est une vague impossible à briser. Sur scène, les chanteurs ruissellent de sueur, la musique pulse, les spectateurs se jettent dans la frénésie du moment.

Reichenbach orchestre cette effervescence comme un ballet, jouant des contrastes : au chaos électrique du rock succède la solennité d'une musique classique lorsque les forces de l'ordre interviennent. Matraques en main, elles expulsent les spectateurs dans une série d'affrontements filmés avec une précision chorégraphique. Mais même sous la contrainte, la foule continue de se déchaîner. Le rock n'est pas seulement une musique, il est déjà un mouvement.